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Les civils, victimes d’armes interdites

Mines et autres armes

Les civils au Yémen sont lourdement touchés par les bombardements et les restes explosifs qu’ils engendrent, mais également par les mines antipersonnel et les engins explosifs improvisés faisant office de mines[1]. Près de 1 000 personnes ont été blessées ou tuées par ces armes barbares en 2015[2]. Handicap International soutient les services de réadaptation de trois structures de santé à Sanaa. Plus de 3 000 personnes ont déjà reçu une aide de l’association entre mars et septembre 2016. En grande partie des victimes du conflit…

 Prise en charge d’un patient par l’équipe de réadaptation de Handicap International dans un hôpital à Sanaa.

Prise en charge d’un patient par l’équipe de réadaptation de Handicap International dans un hôpital à Sanaa. | © Handicap International

« Les victimes du conflit représentent entre 25 % et 50 % de nos patients, explique Joanna Reid, coordinatrice des programmes de Handicap International au Yémen. C’est très variable d’une semaine à l’autre. Pendant quelques jours, les combats peuvent être intenses et provoquer un afflux de blessés. Les blessures sont diverses : blessures médullaires, fractures ouvertes, lésions nerveuses périphériques, amputations également… Nous avons apporté une aide à 195 amputés depuis mars dernier. »

L’association fournit des soins en réadaptation dans un centre spécialisé dans le domaine et dans les services de réadaptation de deux hôpitaux. De tels services étant rares en dehors des grandes villes, les Yéménites viennent de tout le pays pour obtenir des soins. Le voyage est souvent périlleux. En moyenne, 260 personnes par mois bénéficient ainsi du soutien de Handicap International.

« Les besoins en réadaptation ont augmenté avec le conflit alors que les services dans ce domaine déjà faibles auparavant au Yémen ont fortement diminué », poursuit Joanna Reid. Pour faire face, l’association forme également le personnel médical et l’accompagne lors de la prise en charge des patients. Elle fournit des équipements comme des fauteuils roulants ou des béquilles, du matériel pour le personnel médical comme des tables de consultation.

Une attention particulière est apportée aux « aidants », le plus souvent un membre de la famille, qui s’occupe de la personne dont la mobilité est réduite. « On va lui apprendre à comment réaliser le transfert du lit au fauteuil roulant, comment bien utiliser des béquilles, faire des exercices, comment étirer et entrainer les muscles… Pour les familles victimes du conflit, ce sont des situations nouvelles qu’il faut leur apprendre à gérer…»

Les traumatismes de la guerre

Les équipes de soutien psychosocial de Handicap International observent de nombreux cas de stress, de dépression, de choc… Etre victime d’une explosion ou être blessé lors d’échanges de tirs est une expérience traumatisante, qui laisse des séquelles invisibles.  « Après le choc de l’explosion, de la blessure, éventuellement de la perte d’un bras, d’une jambe…, certains patients peuvent se sentir complétement perdus, affirme Joanna. Leur maison a été bombardée. Ils souffrent physiquement. Ils ont perdu un ou des parents et ils ont peur… »

Handicap International organise des sessions de prise de parole, individuelles ou en groupe, pour aider les personnes à surmonter cette épreuve : parler du traumatisme, des difficultés rencontrées éventuellement dans la vie quotidienne, créer des liens entre les personnes qui ont vécu des expériences analogues aide à se reconstruire...

Une pollution à long terme

De l’intensité des bombardements au Yémen résulte de nombreux restes non explosées, toujours actifs et dangereux. On note également  une recrudescence de l’utilisation de mines antipersonnel ou d’engins explosifs improvisés faisant office de mines. Le Yémen souffrira pendant de nombreuses années de cette contamination. Des zones entières sont devenues inhabitables, ce qui entrave la reprise de la vie sociale et économique et force les populations à se déplacer. Les restes explosifs, les mines et les engins improvisés constituent une menace pour les civils parfois des dizaines d’années après un conflit.


[1] Les mines antipersonnel et les engins explosifs improvisés faisant office de mines sont interdits par la Convention d’Ottawa depuis 1999.

[2] Selon l’Observatoire des mines 2016 qui paraît le 22 novembre. L’Observatoire des mines publie chaque année un rapport annuel sur l’application de la Convention d’Ottawa.

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