« Lutter contre ces objets de la mort »
A 36 ans, la démineuse Bijou a déjà 14 ans de métier derrière elle. Cette mère de 3 enfants, elle-même victime d’un reste d’obus en 2000, a décidé de s’engager contre « ces objets de la mort ». Elle fait partie de l’équipe Handicap International/AFRILAM qui démine actuellement les villages aux alentours de Kisangani.
© Kelvin Batumike / Handicap International
La journée commence à 7 heures du matin. Minutieusement, Bijou sonde le sol, mètre carré par mètre carré. Très vite, il faut lutter contre la chaleur qui monte, la lourdeur des équipements de protection. Des pauses toutes les 40 minutes sont indispensables… La sueur peut couler contre la visière et vous brouiller la vue. Un mot d’ordre : ne jamais baisser sa concentration. « Le plus grand risque vient de la fatigue », explique la démineuse qui progresse lentement : 10 mètres carrés par jour…
L’équipe de démineurs dont fait partie Bijou est composée de 11 personnes qui travaillent actuellement dans le village de Batiabombé, à 21 km au Nord de Kisangani, dans le centre du pays[1]. Leur rôle : chercher, identifier, marquer et détruire les mines et autres restes explosifs de guerre détectés. Les règles de sécurité sont strictes car c’est une tâche extrêmement dangereuse : « Quand une mine ou un objet explosif est découvert, nous appelons le chef d’équipe. C’est lui qui organise sa destruction, ou son déplacement », explique Bijou. Depuis cet été, elle a déjà trouvé deux mines…
Bijou a été formée comme démineuse par Handicap International en 2002. Depuis, elle multiplie les missions : « Je suis très fière de mon métier. A chaque fois que je trouve un engin explosif, j’ai le sentiment du devoir accompli. Nous sommes souvent directement remerciés par les villageois qui sont reconnaissants de notre travail. »
Les mines et les restes explosifs de guerre sont en effet une menace permanente pour les populations locales qui peuvent en être les victimes des années après un conflit. Elles sont un frein au développement économique du pays car des terrains, voire des pans entiers de territoire, ne sont plus utilisés pour cultiver, construire routes et habitations, etc.
Membre du Traité d’Ottawa, la République démocratique du Congo s’est donné jusqu’à janvier 2021 pour être totalement débarrassée des mines. « Les Congolais pourront alors vivre en tranquillité et n’auront plus peur de se rendre dans leurs champs, aux points d’eau, etc. affirme Bijou. Les gens devraient tous pouvoir se déplacer librement sans risquer de tomber sur une mine ».
Handicap International en RDC
Handicap International est présente en République démocratique du Congo depuis 20 ans. Avec AFRILAM, son partenaire depuis 2008, l’association est engagée dans de nouvelles opérations de déminage jusqu’en décembre 2017.
[1] L’équipe démine actuellement un terrain de plus de 800 m2, soit l’équivalent de 5 courts de tennis.
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