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Dayana, 15 ans, victime d’une grenade : « J’ai l’impression d’avoir du métal qui bouge dans la tête »

Colombie

Dayana, 15 ans, a été gravement blessée suite à un accident avec une grenade en Colombie, il y a deux ans. Grâce au soutien de Handicap International (HI) et de l’association partenaire, Tierra de Paz, Dayana a pu échanger avec d’autres jeunes victimes de mines. Sa  famille a aussi reçu un appui afin de lancer leur propre projet : un magasin de glaces artisanales. Un nouveau souffle pour aller de l’avant. 

 « C’était le 3 juin 2015, j’allais avoir 13 ans. Je me rappelle de l’amie avec qui j’étais. D’un escalier. D’une explosion. Puis de me réveiller sur un lit d’hôpital. Du regard affolé de mes proches. Le reste, j’ai tout oublié. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne veux pas savoir », raconte Dayana, nerveuse et souriante.

Sa maman, Marta, 34 ans, complète : « Dayana était avec une amie pas loin de notre maison, dans le village d’Esmeralda (département de Nariño). J’ai entendu un bruit d’explosion. Je me suis ruée vers elle, mon bébé dans les bras. J’ai hurlé son nom, encore et encore. Je l’ai retrouvée en sang, le front ouvert, des lésions sur le corps, inconsciente. Blessée par une grenade. Elle aurait pu mourir».

Dayana a été emmenée d’urgence dans un centre de santé puis à l’hôpital de Pasto. « On m’a dit que c’était trop dangereux de m’opérer à la tête, on m’a recousue. J’ai gardé des éclats dans le crâne. Quand je suis retournée à l’école, tout le monde me posait des questions. Je voulais juste oublier. Que mes traces disparaissent ».

Le 13 novembre 2015, ils ont quitté leur village : « On était forcés de bouger : on avait témoigné au sujet de l’accident, on a eu peur des représailles. Et puis, on voulait s’éloigner. Passer à autre chose ». Ils ont été logés provisoirement dans un hôtel près du village de San Ignacio, où Marta a appris  à préparer des desserts.

 « Les mois qui ont suivi ont été très durs. Je pensais tout le temps aux éclats que j’avais dans la tête. Je les sentais bouger. J’allais sur Internet, pour voir ce qu’il risquait de m’arriver. J’avais peur de mourir », confie Dayana.

En 2016, Dayana et sa famille rencontrent HI et Tierra de Paz, l’association partenaire. Lesly, la psychologue de l’association, explique : « Quand j’ai discuté avec Dayana pour la première fois,  elle était très angoissée. Pour de nombreuses victimes, les séquelles de l’accident ne sont pas que physiques. Nous avons organisé des ateliers de soutien psychologique avec d’autres jeunes victimes de mines, plusieurs samedis, à Popayan. L’occasion pour eux d’échanger sur leurs ressentis, leur traumatisme. De réaliser qu’ils ne sont pas seuls. Souvent, pour ces jeunes, qui se sentent différents, c’est très libérateur ».

HI et Tierra de Paz ont également aidé à la famille de Dayana à recevoir une indemnité financière suite à l’accident[1] et à lancer une nouvelle activité professionnelle. « On a  discuté ensemble de notre projet, on a reçu du matériel (un surgélateur, des tables et des chaises, etc.), et on a ouvert notre propre ‘tea room’ : aujourd’hui, on vend des glaces à la mûre et des desserts à la maracuja[2]… Tout est fait maison. Mon rêve : ouvrir un salon encore plus grand, dans une  rue fréquentée ! », commente Marta.

Dayana, elle, a repris l’école, après quelques mois d’arrêt : « J’ai plein de copines, je suis bien intégrée. Mais je cache mon secret. Je ne veux pas qu’on voit mes traces. Et si on me pose des questions, je réponds simplement que je suis tombée. Et je continue ma route ».

 

[1] Les associations ont contacté une organisation qui soutient les victimes de mines, afin qu’elle leur donne une indemnité financière, permettant de couvrir les frais du loyer durant trois mois.

[2] Fruit exotique.

Posted on 9 novembre 2017.

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