Handicap International révoltée par la décision annoncée de l’administration Trump de relancer l’utilisation des mines
L'administration Trump a annoncé le 31 janvier 2020 un changement de politique assassin sur les mines antipersonnel.
Le 13 février à Genève, action de protestation contre la décision de l'administration Trump, place des Nations unies | © Basile Barbey / HI
L'administration Trump a annoncé un changement de politique sur les mines antipersonnel, autorisant les États-Unis à reprendre la production, l'utilisation et le stockage de mines antipersonnel.
« L’annonce à venir de l’administration Trump sur les mines antipersonnel est une condamnation à mort pour les civils. Il y a des actes de guerre qui sont simplement en dehors de toutes règles, les mines entrent directement dans cette catégorie ! »
Martin Lagneau, directeur de Handicap International Luxembourg
6.897 victimes de mines ont été enregistrées en 2018, contre 30.000 dans les années 90. Ces armes de lâches, activées par les victimes elles-mêmes, ne font pas la différence entre le pied d'un enfant et celui d'un soldat. L’administration Trump doit reculer !
Les États, même les superpuissances, ne doivent jamais utiliser ces armes en raison des blessures et des souffrances inutiles qu'elles causent. Ces armes peuvent être aisément remplacées par d'autres moyens qui ne tuent ni ne mutilent les civils de manière aussi significative et indiscriminée.
Une nouvelle mine « plus sûre » ?
Si elle se confirme, cette décision de l’Administration Trump constituera un revirement radical par rapport à l'engagement pris par le Président Obama en 2014, qui avait rapproché les États-Unis du respect de la Convention d'Ottawa de 1997, connue sous le nom de "Traité d'interdiction des mines". Avec la décision d’Obama, la péninsule coréenne constituait une exception, en raison de l'utilisation continue de mines dans la zone démilitarisée.
Selon les dernières informations, la politique décidée par l’Administration Trump stipule qu'une nouvelle mine antipersonnel, en cours de développement, se désactiverait au bout de 30 jours, pour la rendre plus sûre.
Martin Lagneau poursuit :
« Nous sommes très préoccupés par la soi-disant "intelligence" de toute arme, alors que nos équipes sur le terrain voient comment des armes commercialisées comme "précises" et "intelligentes" blessent, mutilent et terrorisent quotidiennement des civils dans le monde entier. L'idée que les mines dites "intelligentes" seront plus sûres que les anciennes est absurde. Qui expliquera à la mère d'une fille victime que 20 jours n'étaient pas suffisants avant de jouer au football dans une ferme abandonnée ? Qui expliquera le "taux d'échec acceptable" des mines intelligentes au père d'un jeune garçon mutilé alors qu'il traversait une forêt pour aller à l'école ? »
Effets indiscriminés sur les civils
Les États-Unis sont l'un des rares pays à n’avoir pas encore adhéré au Traité d'interdiction des mines antipersonnel de 1997, avec la Chine, l'Égypte, l'Inde, Israël, le Pakistan et la Russie. Cependant, depuis près de 30 ans, les États-Unis s'abstenaient d'utiliser ou de commercialiser des mines antipersonnel.
À ce jour 164 États sont parties au traité, ce qui fait de l'interdiction des mines antipersonnel une norme universelle du Droit humanitaire international.
« Les États-Unis affirment que la protection des civils est au cœur de leur politique de défense. Depuis quatre décennies, Handicap International a documenté les effets indiscriminés des mines sur les civils. Ce recul annoncé sur les mines terrestres est donc en contradiction avec la politique américaine actuelle. »
Alma Taslidžan Al-Osta, responsable du plaidoyer pour le désarmement et la protection des civils à Handicap International
De plus, ce changement de politique enverrait un signal très négatif, en donnant essentiellement un chèque en blanc aux États ou aux groupes désireux de poursuivre ou d'étendre l’utilisation des mines, qui avait considérablement diminué après l'entrée en vigueur du Traité d’Ottawa.
Revenir sur ce plan meurtrier
L’expérience de Handicap International en matière de déminage et de prise en charge des survivants d’accidents par mine permet d’affirmer qu'aucune utilisation de cette arme n'est sans danger. « Nous nous opposons dans les termes les plus forts à l'idée que les commandants militaires se sentent habilités à utiliser des mines. La mine la plus sûre est celle qui n'est jamais produite », ajoute Martin Lagneau.
Handicap International travaille avec ses partenaires de la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL) afin d'encourager les autorités américaines à revenir sur ce plan meurtrier dans les mois à venir.
Martin Lagneau de conclure :
« Ne vous y trompez pas, c'est un véritable retour en arrière. Cette évolution importante et négative est un coup de tonnerre pour les milliers de personnes qui ont survécu aux mines, ainsi que pour les familles et les amis des centaines de milliers de personnes qui n'ont pas survécu. »
Handicap International gère ou soutient des projets visant à minimiser l'impact des mines sur les civils dans des dizaines de pays, en restituant des terres aux communautés grâce au déminage, en apprenant aux gens à repérer, éviter et signaler la présence des restes explosifs de guerre grâce à la sensibilisation aux risques, et en apportant soutien et soins aux victimes de ces armes. L’association s’attache à accroître la visibilité des victimes et de leurs communautés, afin de rappeler au monde le fléau des mines terrestres.
Le Traité d’interdiction des mines
Le Traité d’Ottawa interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. Le Traité a été ouvert à signature le 3 décembre 1997. Il est entré en vigueur le 1er mars 1999. 164 sont États parties au traité. Un État, les Îles Marshall, en est signataire.
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