Handicap International s'engage à réduire son empreinte carbone
Handicap International et neuf autres ONG ont créé le consortium CHANGE. Objectif : mettre en place des standards afin de mesurer et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Photo d'illustration - Distribution de kits d'hygiène en Haïti après le séisme du 14 août 2021 | © F. Roque / HI
Le changement climatique est un enjeu mondial, qui contribue à aggraver les besoins humanitaires dans le monde entier. Cependant, les acteurs humanitaires et leurs opérations ont également un impact environnemental. Afin de respecter leur engagement à « ne pas nuire », les ONG doivent prendre des mesures appropriées pour réduire autant que possible leur empreinte carbone.
En décembre 2020, Handicap International s’est engagée aux côtés de neuf autres organisations humanitaires à intégrer la prise en compte des enjeux climatiques dans leurs opérations.
Par cet accord[1], l'association s'engage formellement à :
- mesurer l'impact de ses actions sur l'environnement et ses émissions de gaz à effet de serre ;
- réduire son empreinte carbone ;
- adapter son action humanitaire pour relever les défis liés au climat ;
- communiquer sur les progrès réalisés et les actions entreprises ;
- encourager d’autres acteurs à faire de même.
En 2021, afin de mettre en œuvre leurs engagements, ces 10 associations humanitaires ont officiellement créé un consortium intitulé CHANGE (Consortium of Humanitarian Actors and Networks engaged in Greenhouse gas Emissions reduction – Consortium des acteurs et réseaux humanitaires engagés dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre). Avec CHANGE, Handicap International et les autres associations visent à mesurer l'empreinte carbone actuelle de leurs activités et, à terme, à réduire l'impact de l'action humanitaire sur le changement climatique.
Développer des normes communes
Actuellement, les organisations humanitaires ne sont pas tenues de mesurer leur empreinte carbone. Pour celles qui choisissent de le faire de leur propre initiative, il n'y a pas de système uniforme. Chaque organisation mesure donc différemment son impact climatique, ce qui produit des rapports confus et sans cohérence d’ensemble.
« Aujourd’hui, tout le monde utilise des paramètres et des méthodes de comptage différents. Mais cela n'a pas de sens de comparer différents types de mesures. Nous voulons créer une méthode qui soit commune à toutes les ONG. »
Denis Bedjai, chef de projet Agenda environnemental à Handicap International
Handicap International et ses partenaires de CHANGE travaillent ensemble à déterminer des paramètres communs permettant de mesurer leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils bénéficient du soutien de Citepa, une organisation qui a plus de 60 ans d'expérience dans le domaine de l'air, du climat et de l'énergie. En ayant une idée plus claire de leur impact écologique, les organisations pourront élaborer des plans de réduction de leurs émissions pour l'avenir.
Qu'est-ce qui compose l'empreinte carbone ?
Il existe de nombreux paramètres à prendre en compte lors de la mesure des émissions de gaz à effet de serre. La plupart des organisations mesurent les émissions qui proviennent de l'éclairage et du chauffage de leurs bureaux ou de la conduite de leurs véhicules de service, mais de nombreuses émissions indirectes ne sont pas comptabilisées. L'énergie achetée auprès de fournisseurs externes, les déchets produits, le transport, la distribution, la production de biens ou même les investissements financiers, ne sont que quelques-uns des nombreux facteurs qui contribuent à augmenter l'empreinte carbone globale d'une organisation. Dans les contextes humanitaires, la chaîne d'approvisionnement peut représenter une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, il est donc crucial de comptabiliser chaque étape.
« Si nous achetons des seaux pour les kits d'hygiène, nous devons savoir d'où ils viennent, comment ils ont été fabriqués, comment ils ont été transportés, comment les déchets ont été gérés, etc. Dans le cadre de la mesure de notre empreinte carbone, même si nous n'avons pas produit le seau lui-même, nous devons prendre en considération l'ensemble de son cycle de vie lorsque nous l'achetons », poursuit Denis Bedjai.
Base de données de facteurs d'émissions
Une fois que les paramètres permettant d’évaluer l’empreinte carbone auront été établis, les membres du consortium devront réaliser les mesures. Or, la mesure des émissions de gaz à effet de serre est encore plus difficile à réaliser dans les pays à faibles ressources ou en développement.
Pour simplifier le processus, le consortium CHANGE et ses partenaires prévoient de contribuer au développement d’une base de données spécifique au secteur humanitaire. Initiée par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), cette base de données recense les sources d'émission de gaz à effet de serre et sera adaptée aux zones d'intervention. Elle sera gratuite pour les utilisateurs et permettra aux organisations de suivre plus précisément les émissions de gaz à effet de serre émises par leurs actions fréquentes ou par leurs prestataires de services.
Adopter des plans d'action
Une fois qu’elle aura une vision plus claire de son impact carbone, Handicap International prévoit de se fixer des objectifs pour réduire ses émissions en mettant en œuvre des plans d'action adaptés.
« Par exemple, si pendant la phase d'audit nous constatons que les déplacements en avion sont l'un des principaux secteurs d’émissions de gaz à effet de serre à Handicap International, nous prendrons des dispositions pour les réduire dans la mesure du possible. Cela pourra signifier par exemple de n’envoyer des personnes sur le terrain qu'en cas d'absolue nécessité, d’utiliser des itinéraires de vol avec le moins d'étapes possibles, de s'assurer de faire voyager des groupes ensemble… Il s’agit de bonnes pratiques qui permettent de maintenir le taux d’émissions de gaz à effet de serre aussi faible que possible », conclut Denis Bedjai.
À long terme, Handicap International vise non seulement à réduire sa propre empreinte carbone mais aussi à aider les acteurs humanitaires locaux à faire de même. En mettant en œuvre des projets qui renforcent les compétences des organisations et leurs capacités à introduire des mesures respectueuses de l’environnement, l'association sera en mesure de poursuivre son objectif de réduction de l'impact écologique de l'aide humanitaire, aux niveaux local et international.
Projet VERT : Handicap International s'engage à réduire les effets néfastes du changement climatique sur les populations vulnérables et marginalisées du monde. L'association prépare les communautés à faire face aux chocs et aux stress climatiques et répond aux crises amplifiées par les facteurs environnementaux. Elle considère les facteurs de vulnérabilité ou d'exclusion liés au handicap, au genre et à l'âge dans toutes nos actions, et plaide pour que les praticiens et les politiciens intègrent également cette approche dans leur travail sur le climat. Handicap International est également déterminée à réduire sa propre empreinte écologique en adaptant et en mettant en œuvre des approches respectueuses de l'environnement.
[1] "Statement of Commitment on Climate by Humanitarian Organisations" du Groupe URD (Urgence-Réhabilitation-Développement).
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