"J’ai été fusillée. J’ai perdu mari et enfant. Ma tristesse ne s’en va pas."
Kanyere Mwamini, 24 ans, a été victime des conflits qui déchirent la région du Nord Kivu.
Kanyere Mwamini, fusillée chez elle, est soignée à l'hôpital de Rutshuru, au Nord Kivu. Elle bénéficie de séances de réadaptation avec HI. | © Patrick Meinhardt / HI
Fusillée chez elle, touchée à la jambe, à la poitrine et à la main, elle bénéficie de séances de rééducation menées par HI et essaie de surmonter l’immense tristesse qui l’accable, avec Jonathan Kakule, psychologue de HI. Kanyere Mwamini se souvient de ce jour de septembre 2019 qui a fait basculer sa vie :
« On était à la maison quand on a entendu des coups de feu. Mon mari est allé voir et il a été tué directement. Un de mes quatre enfants aussi. C'était des hommes armés qu’on ne connaissait pas. Ils m’ont tiré dessus et j'ai perdu connaissance. Ce sont des voisins qui m’ont emmenée en urgence dans un centre de santé. »
« J'avais une fracture ouverte de deux os de la jambe droite: il a fallu opérer ma jambe. J’ai perdu mon pouce et mon index gauche, et j'ai eu une blessure à la poitrine. »
Kanyere, 24 ans
Hospitalisée depuis trois mois, cette mère et épouse endeuillée n'a aucun moyen de contacter ses enfants. On lui a seulement dit qu'ils allaient bien. «Ma tristesse ne s’en va pas», murmure-t-elle. «Je me sens terriblement seule. J’ai mal...»
L'un des médecins de l’hôpital de Rutshuru revient sur le parcours médical de sa patiente :
« Nous n'avons pas eu d'autre choix que de raccourcir sa jambe pour lui sauver la vie. Sa jambe droite est désormais plus courte que la gauche, ce qui est très handicapant.
Une épreuve supplémentaire : la plaie ne guérit pas bien. « Il se peut qu’il y ait encore des éclats de balles dans sa jambe et que le corps veuille les rejeter », poursuit le médecin. Avec le kinésithérapeute de HI, Kanyere Mwamini réapprend à marcher.
« Je bénéficie de séances de réadaptation et j'ai aussi reçu des béquilles. Je vois aussi un psychologue de HI dans le cadre de séances de soutien psychosocial, avec d’autres victimes de conflit. Au début, je revivais sans cesse le drame... Maintenant, je me sens un peu mieux. On partage ce qu’on a vécu, on pleure... Mais cela reste dur: je n’arrive pas à me projeter dans l'avenir, je n’ai plus rien. »
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