Au Nord Kivu : réadaptation d’urgence pour 1.600 victimes
Pendant deux ans, les kinés et psychologues de Handicap International se sont rendus dans des zones où le niveau d’insécurité est très élevé, au Nord Kivu, afin d'offrir des soins de réadaptation d’urgence.
Kisubizo, victime de conflits, suit une séance de rédaptation avec Jean Claude Karengane, kiné de HI à Rutshuru | © Patrick Meinhardt / HI
La République démocratique du Congo est marquée par une pauvreté chronique (8e pays le plus pauvre au monde), des conflits armés et intercommunautaires et une crise humanitaire depuis plus de vingt ans, qui s’aggrave ces dernières années.
On estime que 15,6 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire.
Affrontements armés, violences sexuelles et kidnappings
Le pays abrite aujourd’hui plus de 5 millions de personnes déplacées, soit la plus grande population de déplacés internes (qui ont quitté leur région suite à des conflits, etc.) en Afrique. 30% d’entre eux sont au Nord Kivu. De plus, entre janvier et septembre 2019, au moins 35.000 incidents de protection (violences sexuelles, kidnappings, etc.) ont été enregistrés – dont 30% au Nord Kivu.
La province du Nord Kivu reste la plus affectée. Les territoires de Masisi, Walikale et Ruthsuru, où HI intervient, sont le théâtre d’affrontements armés, de banditisme, et connaissent ces derniers mois une intensification des combats. Près de 70 groupes armés sont actifs dans la région et des milliers de kidnappings commis par des groupes rebelles ont été enregistrés dans la région.
De nombreuses femmes sont aussi victimes de viols. Enfin, des épidémies (Ebola, choléra, rougeole) affectent des milliers de personnes, et les risques de catastrophes naturelles sont importants (le volcan Nyiragongo est le plus dangereux d’Afrique). Dans ce contexte, les personnes blessées et handicapées sont particulièrement vulnérables.
Un projet à l'impact "indéniable"
En deux ans, plus de 1.600 personnes blessées ou handicapées (victimes de conflit, de violences conjugales, d’un accident de la route) ont bénéficié de séances de réadaptation avec des kinésithérapeutes de HI à Ruthsuru, Mweso, Virunga, Masisi et Tsikaji (Kasai Oriental). L’organisation a aussi distribué plus de 770 béquilles, canes, fauteuils roulants et tricycles aux personnes qui en avaient besoin, et plus de 800 kits d’hygiène.
« Sur le territoire de Rutshuru, qui compte plus de 69.000 personnes, HI est la seule ONG qui propose des soins de réadaptation d’urgence. Beaucoup d’ONG ont quitté le territoire car les risques liés à l’insécurité étaient trop importants. L’impact de ce projet est indéniable »,
explique Albert Nikiema, chef de projet réadaptation de HI en RDC.
Des psychologues de HI ont aussi mené des séances de soutien psychologique individuelles et collectives auprès de plus de 1.500 personnes traumatisées :
« Les victimes de violence sont souvent détruites psychologiquement. Nous proposons des séances individuelles ou collectives, où les patients s’expriment, partagent leur histoire, se soutiennent. Les enfants reprennent confiance en eux en participant à des activités ludiques. Ce soutien psychologique accompagne systématiquement les séances de réadaptation, c’est essentiel»,
explique Jonathan Kakule, psychologue de HI.
Des formations en médecine et soins infirmiers
HI a aussi renforcé l’accès des centres de santé pour les victimes de conflit, en formant des médecins, infirmiers et kinés à la prise en charge et au suivi post-opératoire des blessés, en formant des psychologues, agents psychosociaux (à la prise en charge de victimes de violences), en assurant les frais de transport des patients qui se rendent aux centres de santé, et en assurant certains frais médicaux (radiographies, etc.).
HI a aussi aménagé des salles d’activités (destinées au soutien psychosocial notamment) dans les centres de santé, et des entrepôts où stocker le matériel de kinésithérapie qui encombrait, auparavant, les espaces consacrés aux séances de réadaptation.
Le projet de réadaptation et soutien psychosocial mené au Nord Kivu se clôture fin février 2020, faute de financements, bien que les besoins des populations affectées restent immenses.
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