Une semaine au Cambodge : témoignage de terrain
En tant que chargée d'éducation au développement et de sensibilisation pour Handicap International Luxembourg, j’ai eu l’opportunité de passer une semaine au Cambodge pour rencontrer les équipes locales, visiter les centres de réadaptation et découvrir les initiatives d'inclusion scolaire.
Leïla Cartier, chargée de sensibilisation chez HI Luxembourg, était en mission terrain au Cambodge fin octobre. | © HI
Cette mission m’a permis d’appréhender de manière concrète les efforts de Handicap International dans ce pays, où l'accès aux services pour les personnes en situation de handicap reste un défi quotidien.
Premier jour : Rencontres et contexte
À mon arrivée, j’ai été accueillie par l’équipe de Handicap International Cambodge, qui œuvre dans le pays depuis 1982. Le contexte est très particulier ici, notamment en raison des défis sociaux et économiques. L’organisation intervient dans divers domaines, dont la réadaptation, le déminage, la sécurité routière et l'inclusion des personnes handicapées. À travers un projet financé par le Luxembourg, HI vise à renforcer l'accès des adultes vulnérables et des enfants handicapés à ces services sociaux essentiels. Ce programme se concentre sur la réhabilitation physique et l’éducation inclusive dans quatre provinces, dont Kampong Cham, que j’ai eu l’occasion de visiter.
Centre de réadaptation de Kampong Cham
Ma première visite a été le centre de réadaptation de Kampong Cham, un espace essentiel pour les personnes en situation de handicap. Le centre propose une prise en charge complète, incluant des séances de physiothérapie, un soutien psychosocial et la fabrication de prothèses sur mesure. Ici, j’ai rencontré des bénéficiaires de tous âges et pu observer l’impact réel de la réadaptation sur leur quotidien. Les séances de physiothérapie, encadrées par trois professionnels, permettent aux patients de regagner en autonomie. Ce centre est une bouée de sauvetage pour les habitants des provinces environnantes, où l'accès aux soins spécialisés est rare.
Le centre de réadaptation de Kampong Cham. © HI
Le centre accorde aussi une attention particulière aux besoins spécifiques des femmes et des enfants. Les espaces sont aménagés pour leur offrir intimité et sécurité, et l’ambiance colorée de l’aire réservée aux enfants contribue à apaiser leur stress pendant les séances. De plus, un dortoir est mis à disposition des patients qui viennent de loin et doivent rester plusieurs jours pour un suivi régulier.
L'inclusion scolaire : un défi et une opportunité
Un des moments forts de ma mission a été la visite des écoles primaires de Srange et d’Oduonhea, deux établissements partenaires de Handicap International dans la région de Kampong Cham. Ces écoles ont intégré le programme d’éducation inclusive, visant à adapter les infrastructures et les pratiques pédagogiques pour mieux accueillir les élèves handicapés.
À l’école de Srange, j’ai rencontré des enseignants déterminés à construire un environnement d’apprentissage pour tous. Ils ont reçu des formations spécifiques pour structurer les classes de manière à inclure les élèves handicapés, et cela se voit dans les efforts qu’ils fournissent pour sensibiliser les autres élèves et réduire la stigmatisation. Par exemple, des adaptations aux infrastructures ont été faites, comme des toilettes accessibles et une aire de jeux inclusive. Ces améliorations permettent aux enfants en situation de handicap de s'intégrer pleinement dans la vie scolaire, tout en sensibilisant leurs camarades à la diversité des besoins.
À Oduonhea, une école située dans une zone plus isolée, les défis sont encore plus marqués. Ici, les ressources sont limitées et les classes souvent surchargées, avec parfois jusqu'à 40 élèves par enseignant. Malgré ces difficultés, l’équipe enseignante a su mobiliser les parents pour encourager la scolarisation des enfants handicapés. En collaboration avec Handicap International, ils effectuent un travail de sensibilisation auprès des familles et de la communauté, pour montrer que l’école est un droit pour tous. L’inclusion est ici un processus de transformation sociale autant qu'éducative.
Témoignages inspirants : la résilience des bénéficiaires
Lors de cette semaine, plusieurs bénéficiaires ont partagé leur expérience, et leurs récits sont une véritable source d'inspiration. J'ai eu l’honneur de rencontrer Sreylis, une petite fille de quatre ans qui, après un accident, a été amputée d’une jambe. Grâce à sa prothèse et aux séances de réadaptation, elle a retrouvé une certaine autonomie. Sa mère, d’abord accablée par la culpabilité, a pu trouver du soutien auprès des travailleurs sociaux du centre. Aujourd’hui, elle est une fervente ambassadrice du programme et encourage d'autres parents à en faire de même.
J’ai également rencontré Channa, une jeune fille de quinze ans ayant une amputation congénitale, suivie par Handicap International depuis ses 4 ans. Passionnée par la géographie, elle rêve de travailler dans un centre de réadaptation pour aider d’autres personnes comme elle. Elle témoigne de la persévérance et du courage nécessaires pour surmonter les défis physiques et financiers de sa famille. Elle a partagé un message destiné aux jeunes au Luxembourg, les appelant à être conscients des discriminations que vivent les personnes handicapées et à être solidaires.
Channa est suivie par Handicap International depuis ses 4 ans. © HI
Le rôle essentiel de Handicap International et les perspectives
En conclusion de cette mission, je réalise combien il est vital de soutenir ces programmes sur le terrain. Handicap International joue un rôle majeur dans l’inclusion sociale et scolaire des personnes en situation de handicap au Cambodge. Les besoins restent considérables, notamment en matière de formation des enseignants, de matériel adapté, et d’infrastructures accessibles. J’ai été impressionnée par l’expertise et l’engagement de l'équipe locale, qui œuvre chaque jour pour bâtir une société plus inclusive, en collaboration avec les autorités locales et la communauté.
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