Bombardement de civils: les États doivent s'engager
Alors que près d'un million de Syriens survivent dans des conditions effroyables à la frontière turque après avoir fui les combats à Idlib, Handicap International appelle les États de la communauté internationale à s'engager.
Une ville syrienne dévastée, septembre 2019 | A. Taslidžan Al-Osta/ HI
C’est le plus important déplacement de population depuis le début du conflit le 15 mars 2011: l’escalade de violence à Idlib, au Nord-Ouest de la Syrie, a contraint près d’un million de personnes, dont principalemnt des femmes et des enfants, à quitter leur foyer.
Dans le froid glacial de l’hiver, ces familles s’entassent dans des camps le long de la frontière avec la Turquie et ont besoin d'abris, de protection, de nourriture, d'eau, de produits d'hygiène et d’aide médicale. Le directeur de HI au Luxembourg, Martin Lagneau, monte au créneau:
« Nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et la fin des bombardements et des pilonnages des zones peuplées de civils. Ces attaques ont un impact terrible sur les civils et les infrastructures, notamment les centres de santé, en contradiction totale avec le droit humanitaire international. Les parties au conflit doivent aussi garantir un accès sans entrave à l'aide humanitaire. »
Homs, Alep, Idlib : le scénario se répète
3 millions de personnes sont désormais piégées entre les zones de combats. Après Homs en 2012, Alep en 2016, La Goutha en 2017, Deraa en 2018, le même scénario se répète. Action on Armed Violence (AOAV) rapporte que près de 80.000 personnes ont été tuées ou blessées par des armes explosives entre 2011 et 2018 en Syrie, dont 85% de civils.
Travaillant en Jordanie et au Liban auprès des réfugiés syriens, les équipes de Handicap International sont témoins de la souffrance et du traumatisme de cette population et de son impossibilité à retourner chez elle en l’absence de toute activité sociale ou économique.
«Les Syriens sont dans une situation désespérée et auront besoin d'une aide humanitaire pendant de nombreuses années. L’accès aux services de base, tels que la santé, est une priorité absolue pour les organisations humanitaires.»
Une opportunité historique
Face à cette situation, les États de la communauté internationale ont une opportunité historique de faire de la protection des civils une priorité. Handicap International et les membres de l’International Network of Explosive Weapons (INEW) dialoguent en ce moment même avec les délégations de dizaines d’États, dont le Luxembourg.
Objectif: les convaincre de soutenir pleinement une déclaration politique forte contre l'utilisation des armes explosives à large rayon d’impact en zones peuplées, et garantir une aide conséquente aux victimes.
Le Luxembourg a son rôle à jouer
Les négociations sur cette déclaration commune ont débuté à Vienne en octobre dernier, et depuis, des séances de travail ont lieu régulièrement à Genève pour en élaborer le texte exact. Ce processus diplomatique s’achèvera le 26 mai prochain à Dublin lorsque la déclaration sera ouverte à l’adoption par les États.
Alors que le Luxembourg ne s’est pas exprimé au cours des négociations, des représentants de Handicap International ont rencontré, le 3 mars dernier, le président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères, Yves Cruchten, pour l’inciter à porter ce combat pour la protection des civils auprès du gouvernement.
Le député socialiste s’est montré sensible à la cause, ayant travaillé sur ces questions par le passé en tant que membre de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, et s’est dit prêt à soutenir l’ONG.
Les citoyens aussi
De leur côté, les citoyens du Luxembourg sont invités à se mobiliser à travers la campagne «6 mois pour gagner» lancée en octobre dernier: Handicap International leur propose d’interpeller directement leurs députés via un e-mail pré-rédigé.
A ce jour, 3.173 e-mails ont été adressés aux membres de la Chambre des députés via la plateforme en ligne de l’ONG qui fonctionnera jusqu’à fin mai.
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Martin Lagneau
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