Ils s’appellent Sally, Abdallah, Monsef, Farah, Abdullah et Wassila. Employés par Handicap International en Syrie, en Jordanie ou au Liban dans le cadre de notre action face à la crise syrienne, ils sont tous animés par la même volonté de ne pas abandonner les civils syriens vulnérables déplacés, réfugiés, blessés, handicapés… dont l’avenir est mutilé par une guerre d’une violence inouïe et qui dure depuis déjà six ans. Rencontre avec des humanitaires qui ont fait de leur travail un sacerdoce.
Sally est kinésithérapeute et a rejoint l’équipe de Handicap International il y a trois ans.
« Je suis originaire de Homs en Syrie, c’est là-bas que j’ai grandi. Je suis arrivée en Jordanie quand j’étais adolescente, avec ma famille. Lorsque la crise a commencé, j’ai immédiatement voulu aider les réfugiés. À cette époque, je venais d’obtenir mon diplôme en kinésithérapie. J’ai d’abord travaillé dans les hôpitaux pour Handicap International. Mes premières semaines ont été très difficiles et je ne pensais pas que je tiendrais… Je voyais tous ces blessés arriver de Syrie et j’avais l’impression de vivre dans un pays en guerre. J’étais désemparée face au nombre de personnes qui étaient paralysées à vie ou qui devaient se faire amputer. Mais je n’ai jamais abandonné. Les Syriens ont trop besoin de nous. Au fil des années, j’ai beaucoup appris au contact des réfugiés. J’espère que la guerre prendra bientôt fin. Car tous nos bénéficiaires n’ont qu’un espoir : pouvoir, un jour, rentrer chez eux et vivre en paix. »
Abdallah est travailleur social et a rejoint l’association en 2016.
« Venir en aide aux réfugiés syriens m’a fait beaucoup changer. Humainement, c’est une expérience particulièrement forte. Parfois, certains de nos bénéficiaires sont en colère, mais j’ai appris à ne jamais prendre les choses personnellement. Ces personnes ont vécu l’horreur… Et puis, à travers mon travail, je vis aussi beaucoup de beaux moments. Je me souviens d’un de nos bénéficiaires qui souffrait d’une forte paralysie. Grâce à nos séances de kinésithérapie et aux aides à la mobilité (déambulateur puis béquilles) dont nous lui avons fait don, il a pu se remettre debout et sortir à nouveau de chez lui. C’était une grande joie pour nous de voir son sourire lorsqu’il s’est remis à marcher. Ce sont pour ces instants que je fais ce métier. Avec la crise qui s’éternise, il serait facile pour nos bénéficiaires de désespérer, mais les Syriens que je rencontre font preuve d’une résilience qui inspire le respect. »
Monsef coordonne les activités de kinésithérapie de Handicap International en Syrie. Il a rejoint l’association il y a quatre ans.
« Kinésithérapeute de formation, j’ai toujours voulu travailler pour Handicap International. Mon premier jour sur le terrain, en Jordanie, j’ai rencontré un jeune homme de mon âge qui souffrait d’une lésion cérébrale. Il était alité et n’était même pas capable d’avaler la nourriture que ses parents lui tendaient. Lors de notre visite, son père n’arrêtait pas de nous remercier pour l’aide qu’on leur apportait. C’est à ce moment que j’ai réalisé l’importance de notre intervention auprès des réfugiés syriens. Les années passées à travailler sur la crise n’ont fait que renforcer ma conviction. Nous aidons les personnes blessées ou handicapées par le conflit et leur famille à renouer avec la vie. Six ans après le début de la guerre, la situation est désastreuse en Syrie. Nos équipes à l’intérieur du pays font face à de nombreuses difficultés au quotidien, mais nous n’abandonnons pas : notre assistance y est indispensable pour la population. »
Farah forme les équipes partenaires de Handicap International en Syrie. Avant cela, elle a travaillé pendant trois ans pour l’association auprès des réfugiés syriens en Jordanie.
« Travailler pour Handicap International est l’une des meilleures choses qui me soient arrivées. Lorsque la crise syrienne a commencé, je voulais à tout prix aider les réfugiés. L’association m’a permis de le faire, au travers de mes compétences en kinésithérapie. Les scènes auxquelles j’ai fait face au cours des dernières années sont terribles… tellement plus dures que ce que l’on peut s’imaginer, que ce que l’on voit à la télévision. Il y a quelques années, j’ai accompagné un jeune Syrien de 16 ans, souffrant d’une lésion de la moelle épinière. Après plusieurs mois de rééducation, il a pu se lever tout seul. L’expression sur son visage, à ce moment précis, était indescriptible. Il m’a regardée et m’a dit : "Je tiens debout. Je tiens debout Farah. Je ne t’oublierai jamais." Cette phrase et cet instant ont suffi pour que je sois plus que jamais convaincue de ma vocation. »
Abdullah est travailleur social et a rejoint Handicap International au Liban au début de la crise syrienne.
« Je suis Palestinien et lorsque la crise syrienne a commencé, j’ai immédiatement voulu aider les réfugiés au Liban. Ma famille a également dû fuir son pays, il y a plusieurs décennies, et je comprends ce que nos bénéficiaires peuvent ressentir. Je ne fais pas mon travail pour l’argent, je le fais pour aider, autant que je le peux, les gens que je rencontre. Je me rappelle de l’une de nos bénéficiaires, une adolescente syrienne, qui avait essayé de se donner la mort en sautant du toit de son immeuble. Lorsqu’elle est sortie du coma, nous l’avons immédiatement prise en charge. Notre soutien psychosocial et nos séances de kinésithérapie lui ont permis de se remettre debout et lui ont donné une nouvelle chance dans la vie. La situation actuelle en Syrie ne s’améliore pas et les réfugiés nous disent qu’ils ont plus que jamais besoin de nous. Nous sommes l’une des seules ONG à proposer des soins de réadaptation au Liban. Notre présence dans le pays est plus que jamais nécessaire, même six ans après le début du conflit en Syrie. »
Wassila est kinésithérapeute et a rejoint l’association au Liban au début de la crise syrienne.
« La guerre en Syrie a tué des centaines de milliers de personnes et a forcé des millions de gens à fuir en laissant tout derrière eux. Ceux que nous rencontrons au quotidien ont perdu leur maison, leur travail, leurs proches et amis, parfois même des membres de leur corps… La souffrance physique et psychologique de nos bénéficiaires est énorme. Lorsque j’ai commencé à travailler pour Handicap International, je pensais pouvoir soigner le monde entier. Mes premières semaines de travail m’ont ramenée à la réalité. J’étais complètement dépassée par l’ampleur de cette crise. Au fil des années, j’ai compris que nous devions faire notre maximum pour aider les réfugiés, même si ça ne serait jamais assez. Lors des sessions de kinésithérapie, j’essaie de contribuer à leur bien-être, de leur redonner le sentiment de sécurité qu’ils ont souvent perdu. C’est l’envie de soulager ces gens qui me fait sortir de chez moi et aller au travail, chaque matin, ces dernières années. »
Photos et recueil des témoignages : © Elisa Fourt / Handicap International
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Publié le 22 mars 2017.
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