Déracinée et blessée, Fatehia, relève enfin la tête
Fatehia a perdu une jambe dans le bombardement de son école au Yémen. Son parcours a été difficile mais les équipes de Handicap International ont su lui redonner le goût de la vie.
Grâce à sa prothèse, Fatehia* peut désormais marcher à nouveau et courir avec ses amis | ISNA Agency / HI
Ce matin-là, comme tous les jours, Fatehia* attrape ses affaires et prend le chemin de l’école avec sa sœur et ses amis. Quelques heures plus tard, la joie de cette petite fille va s'envoler emportant avec elle l'insouciance de ses 8 ans.
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Une attaque aérienne frappe sa ville. Une bombe explose près de l'école. Dans l'affolement, Fatehia et tous les élèves se précipitent hors des salles de classe et se ruent, paniqués, dans la cour de récréation. C’est là qu’une seconde bombe s’abat sur les enfants.
Wafaa, l’amie de Fatehia, meurt sur place, juste à côté d’elle. Grièvement blessée, Fatehia, elle, perd connaissance. Le directeur adjoint de l’école sera également tué dans l'attaque.
"Je pensais à mon amie"
Dans les minutes qui suivent, son père arrive à l’école: il trouve Fatehia dans un état critique. Elle a perdu sa jambe. Il l’emmène lui-même à l’hôpital le plus proche où les médecins l’opèrent en urgence pour tenter de la sauver. Elle restera hospitalisée pendant deux semaines.
"Je pensais sans arrêt à mon amie et à ma sœur", se souvient Fatehia. "Quand j'ai revu ma sœur, j’ai été soulagée, je me suis sentie mieux... Mais l'image de Wafaa me hantait. Quand mon père m’a dit qu'elle était morte, j'ai beaucoup pleuré. Ma famille m'a beaucoup soutenue."
"Les béquilles me rendaient laide"
Fatehia n'a plus le goût de rien. Elle tombe dans la dépression. "J'ai commencé à me demander si je pourrais remarcher un jour. On m’a apporté des béquilles. Je les détestais parce qu'elles me rendaient laide." Désespérée et frustrée, elle s’isole, ne se déplace plus et s'enferme dans le mutisme.
Toute la famille, traumatisée, quitte le foyer pour s'installer à Sanaa, la capitale. Comme des milliers d’autres au Yémen, Fatehia et les siens deviennent des "déplacés" à l'intérieur de leur propre pays. Une vie dure, loin des repères quotidiens.
L'espoir, après deux mois d'errance
Presque deux mois s’écouleront avant que Fatehia ne franchisse la porte du centre de réadaptation de Sanaa, accompagnée de son père, son oncle, sa sœur et son frère. Tous se demandent si elle pourra remarcher.
Les orthoprothésistes de Handicap International les accueillent, les rassurent et leur expliquent les possibilités et le déroulement de la prise en charge qui permettra d'appareiller la fillette avec une prothèse de jambe. En parallèle, voyant que la famille vit encore dans un profond traumatisme, l’équipe leur propose un accompagnement psychologique.
ISNA Agency / HI
Depuis, Fatehia et son père viennent régulièrement participer à des séances de soutien psychosocial.
Dentiste ou artiste?
En l’espace de quelques mois, Fatehia a beaucoup changé. La fillette déracinée et blessée a commencé à relever la tête. Suite aux séances de soutien psychosocial individuelles et en groupe, elle a doucement accepté son handicap. À partir de ce moment, elle s’est remise progressivement à parler, à partager des idées et à se faire de nouveaux amis.
Elle a un sens de l'humour développé et elle rit beaucoup! Désormais, elle a décidé que plus rien ne l'arrêterait: elle veut devenir dentiste ou artiste. Il faut dire qu’elle a un excellent coup de crayon!
"Je veux remercier toute l'équipe de Handicap International car vous avez rendu ma vie meilleure malgré le handicap. Vous m’avez aidée à accepter mon handicap, à le gérer et à communiquer à nouveau avec les autres. Vous m’avez aidée à redevenir forte"
* prénom d'emprunt
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